Auteurs: Philippe Trape, Mickaelle Chauvin, Hatem Salah
La Tunisie a enregistré une croissance de 2.6 % en 2013, en deçà de la prévision officielle (4.5 %) et de l’exercice 2012 (3.7 %). Les blocages politiques, la dégradation de la situation sécuritaire, la fragilité du contexte social, la stagnation de la zone euro (premier client et premier fournisseur du pays) et une production agricole en recul de 3.3 % expliquent ce ralentissement.
Les secteurs clés du tourisme (+ 2 % de recettes en devises) et des industries exportatrices (en croissance de 6 %) ont certes démontré une capacité de résilience inattendue, aidés par la dépréciation du dinar (10 % par rapport à l’euro, 6.7 % face au dollar des États-Unis). La situation de l’emploi a d’ailleurs connu une timide amélioration, le taux de chômage reculant à 15.7 % au troisième trimestre 2013 contre 17 % pendant la même période en 2012. Le chômage des jeunes diplômés reste néanmoins à un niveau particulièrement préoccupant (34 %, frappant un jeune diplômé sur trois), en raison d’un décalage grandissant entre leurs compétences et les besoins des entreprises.
Mais les principaux indicateurs macroéconomiques se sont détériorés. Et les dépenses sociales, notamment les subventions à l’énergie, ont fortement pesé sur les équilibres budgétaires.
La croissance devrait repartir en 2014 et en 2015, clôturant ainsi l’épisode de récession subi en 2011 (- 1.8 %). La mise en oeuvre attendue de la réforme fiscale et de la réforme des subventions à l’énergie, une gestion plus rigoureuse des finances publiques, et des capacités de financement restaurées devraient permettre dès 2014 de réduire le déficit budgétaire puis de le résorber en 2015. Et le déficit du compte courant devrait diminuer dès 2014 sous l’effet de la reprise économique et de la relance du tourisme.
La Tunisie est historiquement bien intégrée dans les chaînes de valeur mondiales (CVM), notamment dans trois secteurs industriels : le textile-habillement, l’industrie agroalimentaire, et les industries mécaniques, électriques et électroniques. Ce dernier secteur a connu l’évolution la plus marquée grâce au développement des branches de composants automobiles et aéronautiques, et ses exportations ont progressé de 18 % en moyenne et par an entre 2000 et 2012.
Les trois secteurs clés de l’industrie tunisienne représentent 75 % des entreprises exportatrices et ils concentrent plus de 65 % des emplois industriels. De nouvelles activités, comme les technologies d’information et de communication (TIC) et l’externalisation, se sont récemment développées, mais leur intégration dans les CVM se limite à des maillons de sous-traitance à faible valeur ajoutée, et elles restent géographiquement concentrées sur les zones littorales.
L’intégration de la Tunisie dans les CVM est stimulée par les accords de libre-échange avec l’Union européenne (UE), mais elle est handicapée par divers obstacles en matière de politiques commerciales et d’investissement, d’environnement des affaires, de logistique, de transports, de déséquilibres régionaux et de transferts de technologie.
Dans un contexte de crise politique et sécuritaire, la Tunisie a enregistré en 2013 une croissance modérée de 2.6 %, en recul par rapport à 2012 (3.7 %).
La croissance devrait s'accélérer en 2014 et 2015 dans un contexte apaisé par la promulgation de la nouvelle constitution et la formation d'un gouvernement transitoire formé de technocrates.
Le retour de la Tunisie sur un schéma de croissance durable nécessitera une rationalisation des dépenses publiques et un encadrement efficace du secteur financier, du marché du travail et des investissements.
KPMG: NOTE SUR LA SITUATION ECONOMIQUE EN TUNISIE FIN MARS 2014 ET PERSPECTIVES DE REFORMES ECONOMIQUES
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