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Mots & maux

Invitation à la réflexion sur des questions profondes


Lecture psycho-sociologique des révolutions

Publié par Eco-Tunisie sur 25 Août 2012, 10:17am

Catégories : #Mes écrits

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                                          Par: F. Amadeus



Les peuples qui se sont soulevés héroïquement depuis décembre 2010 pour rompre avec leur passivité et racheter leur liberté et leur dignité exproprièes par des tyrans qui leur imposaient par la force soumission, servitude, abnégation et loyauté ne s'attendaient point que leur action va boulverser catégoriquement l'échéquier mondial. Un mouvement de contestation populaire sans précédant s’est engagé dans des révolutions libertines sans soubassement idéologique, sans emiction des partis politiques et surtout sans ingérence internationale (je parle de la révolution tunisenne et égyptienne).

 

   

La Tunisie, comme dans tous les pays communement appelés pays du printemps arabe, a declenché le processus des révendications populaires avec pratiquement le tryptique: Dignité, liberté et équité.

 

   

Mais, comment se fait–il qu’un peuple en toute conscience accepte de passer d’un environnement d’aversion au risque, de stabilité à une situation où la peur, l’angoisse, l’incertitude des masses face à l’avenir l’emporte et le conduisant à se soulever, pacifiquement, contre des tyrans sangunaires?

 

   

Les personnes sans se connaître, peuvent se reconnaître comme semblables dans un mouvement de foule né à partir d'une trilogie espace-temps-thème (Gustave Le Bon, Psychologie des foules (1895)). Il n’y a pas de lien affectif organique identifiable. Elles peuvent être reliées par un intérêt économique (l’équité sociale, la répartition égalitaire des richesses), par un état affectif de circonstance ou par une motivation collective forte (le cas de l’immolation de M. Bouazizi).

 

 

La réaction de la foule est imprévisible car elle suit une fonction comportementale à double entrée ; les réactions individuelles isolées et la réaction de masse. Luong CL. Dans Psychologie de foule : psychose et hystérie collectives ou « Mass sociogenic Illness décrit le mouvement de masse selon une approche phénoménologie qui la qualifie d’une situation sanitaire plutôt qu’une une situation de troubles de l’ordre public.

 

 

Evanouissement de la personnalité consciente, prédominance de la personnalité inconsciente, orientation par voie de suggestion et de contagion des sentiments et des idées dans un même sens, tendance à transformer immédiatement en acte les idées suggérées, tels sont les principaux caractères de l'individu en foule. Il n'est plus lui-même, mais un automate que sa volonté est devenue impuissante à guider.

 

 

L’action collective, inattendue, de la foule est souvent le résultat d’un cumul d’un processus de refoulement par rapport aux tabous idéologiques et autoritaires, mais aussi d’une vie quotidienne devenue économiquement plus difficile et surtout le développement de certaines convictions comme “il n y a de plus pire que ce qu’on est entrain de vivre” ou “un peuple opprimé mérite où bien une vie décente où bien la mort”. En fait, la manifestation d’une telle attitude, quand elle est dominée par l’oppression, déclenchent une cascade de réactions difficiles à contrôler.

 

 

Un ensemble d’interactions se met donc en place entre la population et l’État. Pendant ces interactions, la foule fait part de ses exigences (parfois fantasques) et l’État, en retour, se positionne.

 

 

Selon le degré de détermination des foules et la capacité de réaction de l’État, le résultat final pourra être une foule incontrôlable qui prend le pouvoir (émeute, révolution… et qui va essayer de se satisfaire elle-même en prenant son avenir en main. Ou bien, à l’autre extrême, une foule qui se fait mater par un pouvoir fort, lequel lui permet, de façon certes assez paradoxale, de réprimer son angoisse (instauration d’un pouvoir encore plus fort, la super-dictature…).

 

 

L’État autoritaire rassure en donnant l’illusion qu’il maîtrise la situation et qu’il peut ordonner la vie de la société de façon satisfaisante et motivante. Encore une fois, si la foule méprise un pouvoir faible ou une autorité qui ne parvient pas à lui parler, elle se courbe volontiers devant un pouvoir fort et autoritaire adoptant ainsi un comportement servile. Entre ces deux extrêmes qui voient la victoire de l’un des deux protagonistes, des solutions intermédiaires sont évidemment possibles: l’État peut par exemple courtiser l’opposition ou les leaders populaires en adoptant certaines mesures démagogiques afin de le flatter et de calmer sa colère montante.

 

 

Mais ce faisant, il risque de se faire déborder par la masse. Il essaiera ainsi de rechercher de boucs émissaires et d’alterner des mesures populaires et impopulaires de façon à conserver la maîtrise du pouvoir. On retient l’exemple du comportement des dictateurs arabes face aux revendications populaires.

 

 

Les individus d’une foule semblent bénéficier par ailleurs d’un sentiment d’impunité et d’irresponsabilité par rapport à leurs actes, d’où les débordements des foules. L’individu peut ainsi sacrifier son intérêt personnel au profit du groupe. Un individu totalement pacifique peut perdre son jugement, se laisser emporter par la furia de la foule et commettre des exactions dont il serait incapable seul. Une foule refuse tout dialogue. Elle peut facilement se soulèver contre une autorité faible, mais difficilement voire exceptionellement si l’autorité est forte.

 

 

Après le limogeage du dictateur et dans un climat de transition et de doute, la foule se comporte d’une manière infantile: elle a besoin d’être rassurée et d’avoir le sentiment d’être écoutée. Elle fait tout ce qui est en son pouvoir pour, d’une manière ou d’une autre, retrouver la tranquillité. Mais tant qu’elle ne l’a pas obtenue, elle reste en lutte pour être satisfaite. L’État en situation de transition devient de fait le principal interlocuteur des foules car c’est lui qui détient le plus de pouvoirs et qui a pour fonction régalienne le maintien de l’ordre.

 

Cependant, deux situations se présentent:

 

L’Etat, a personnalité forte, arrive à convaincre la masse qu’elle rétablira l’ordre et satisfaire les révendications du peuple. Dans ce cas, le mouvement de masse perd de plus en plus ce qui faisait sa cohésion, son unité et sa force. Il ne serait plus qu'une poussière d'individus isolés et redevient ce qu'elle était à son point de départ.

 

                            L’Etat agit, la masse déplore

 

L’Etat s’efforce d’amoindrir les aptitudes de la foule à l'action et surtout à la réction en agissant sur l'égoïsme individuel capable de rompre la cohésion collective, mais la masse vigilente résiste et retrouve son unité. Dans ce cas, l’Etat n’aura pas le choix, il se soumet à son peuple tout en poursuivant sa quête pour rétablir l’ordre public ou la suprématie de l’Etat.

                             L’Etat agit, la masse réagit

 

 

 

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